Sortie du CAC40 : raison garder

Euronext a annoncé le 7 décembre au soir la sortie d'EDF de l'indice CAC 40, avec effet le 18 décembre post-bourse.

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Cette annonce résulte de la baisse importante du cours de l'action EDF depuis le début de l'année 2015, les investisseurs s'étant détournés de la valeur au regard du contexte économique et énergétique difficile en Europe (baisse des prix de l'énergie), et d'incertitudes sur un certain nombre de sujets (réforme de la CSPE reportée en 2017, retards des chantiers de construction d'EPR, atteinte de l'objectif d'un cash flow positif en 2018, financement des importants investissements à venir, reprise d'Areva NP, ...).

Les investisseurs étaient en attente d'annonces de l'entreprise, certains craignant notamment que l'atteinte de l'objectif 2018 ne s'effectue en rognant le dividende. D'où les réactions favorables suite aux annonces du Conseil d'Administration d'EDF du 9 décembre 2015.

Le Revenu a ainsi publié le 8 décembre sur son site internet un article "La sortie du CAC 40 du groupe d'énergie est révélatrice des nombreuses incertitudes autour de l'entreprise, détenue majoritairement par l'Etat français" :

  • Comment le groupe va-t-il financer son grand carénage, à savoir la maintenance lourde de ses 58 réacteurs nucléaires français, estimée à quelque 55 milliards d'euros d'ici à 2025 ?
  • Comment lever les doutes sur la faisabilité du nouveau réacteur EPR en chantier à Flamanville, qui accumule surcoûts et retards ?
  • Comment supporter le risque industriel lié à la construction prévue de deux autres EPR à Hinkley Point ?
  • Quelle sera la capacité d'EDF à intégrer l'activité réacteurs d'Areva en cours d'acquisition ?

Autant de questions qui plombent EDF et l'action en Bourse, le tout dans un environnement de prix de marché très bas et une régulation défavorable."

D'autres articles de presse des 8 et 9 décembre 2015 ont souligné que "EDF doit désormais s'atteler à la redéfinition d'une « equity story » à vendre aux investisseurs :

  • Cela ne peut de toute façon intervenir qu'une fois le paysage clarifié sur la prise de contrôle d'Areva NP et après la décision finale d'investissement pour construire les deux EPR à Hinkley Point.
  • D'ici là, les analystes auront aussi plus de visibilité sur l'impact de la fin des tarifs réglementés pour les entreprises et les collectivités.
  • La sortie du CAC 40 sonne surtout comme une alerte, à la fois pour EDF et pour l'État. Elle illustre la complexité de l'équation financière que le paquebot EDF devra résoudre dans les années qui viennent. D'un côté, les revenus du Groupe sont sous pression. De l'autre, il doit trouver les moyens de financer la montagne d'investissements qu'il s'apprête à gravir. Une bonne partie des réponses aux problématiques financières d'EDF dépend de négociations avec l'État. Or, en la matière, la plus grande incertitude plane. Le gouvernement n'apporte de réponses qu'au compte-gouttes. Ces incertitudes rendent difficile la gestion par EDF de son bilan."

L'annonce du 7 décembre au soir a ainsi conduit, comme annoncé à des ventes de fonds indiciels, et peut être aussi de particuliers, avec une baisse cumulée de 5,3 % de l'action les 8 et 9 décembre, conduisant à un cours de 12,615 € en clôture le 9 décembre.

Un fort rebond de l'action EDF est intervenu le 10 décembre matin suite aux annonces la veille au soir du Conseil d'Administration, notamment :

  1. Objectifs 2015 : croissance organique de l’EBITDA revue à la hausse à au moins 3 %
  2. Ambition 2018 : le Groupe confirme son ambition de cash flow positif en 2018 après dividendes et des investissements nets d’un montant maximum de 10,5 Mds€ en 2018 hors nouveaux développements. Le Conseil d’administration a approuvé le budget et examiné le Plan Moyen Terme du Groupe. Il a pris note dans un contexte régulatoire et de marchés défavorables, des efforts de rigueur supplémentaires qui seront mis en place pour dégager les marges de manœuvre permettant au Groupe de poursuivre son ambition stratégique. Il est désormais prévu que les coûts opérationnels baissent sur chaque année du plan et atteignent en 2018 un montant inférieur de 700 M€ par rapport à la base de coûts 2015.
  3. Le Groupe reconnaîtra des pertes de valeur supplémentaires sur le deuxième semestre 2015 pour un montant d’environ 2,3 Mds€ ... sans impact ni sur la trésorerie du Groupe ni sur le Résultat Net Courant utilisé pour la détermination du dividende.

On notera sur les sites internet de médias le 10 décembre matin :

  • "EDF relève ses objectifs financiers, le titre rebondit" (Le Figaro) : "La confirmation d’un retour à un cash flow positif sans remise en cause du dividende constitue un point essentiel pour le marché. Le rendement est attrayant. La sortie d’EDF de CAC 40 n’est pas dramatique"
  • "EDF en nette hausse après un relèvement d'objectifs" (Le Revenu) : "Le groupe d'énergie s'attend désormais à une croissance d'au moins 3% de son excédent brut d'exploitation. Le marché apprécie. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas pour EDF. En début de semaine, le titre du groupe d'énergie était sous pression alors qu'on apprenait sa sortie prochaine de l'indice CAC 40. Aujourd'hui, il signe de loin la meilleure performance du SBF 120."